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DE PHYSIQUE.

propre à aider la conception des phénomènes, et plus commode pour les exprimer.

Nous en userons de même dans toutes les occasions semblables, et particulièrement lorsque nous traiterons de l’électricité et du magnétisme, en désignant par le mot de fluide, les deux principes composans du fluide, soit électrique, soit magnétique ; non pas pour exprimer des êtres dont l’existence n’est pas suffisamment prouvée, mais pour donner, par la pensée, un sujet à l’action des forces connues qui concourent à la production des phénomènes. Du reste, nous ne perdrons pas de vue la différence que l’on doit mettre entre les véritables fluides que nous palpons, que nous coërçons dans des vases, et ces agens, sur l’existence desquels l’observation s’est tue jusqu’ici. Nous ne les plaçons point dans la nature, mais seulement dans la théorie, parce qu’ils ont l’avantage, quand ils sont bien choisis, de représenter fidèlement les résultats, d’en offrir une explication satisfaisante, et même de nous aider à les prévoir ; en sorte que s’ils ne sont pas les véritables agens employés par la nature à la production des phénomènes, ils sont censés en tenir lieu et en être les équivalens.

Nous insistons sur cette remarque, parce qu’il nous paroît essentiel au progrès des sciences, de porter partout dans leur étude, cette justesse et cette précision d’idées, cette méthode correcte et sévère qui met chaque chose à son véritable niveau, qui évite d’en faire dire à la nature plus qu’elle n’en a dit, et de confondre une hypothèse simplement explicative, avec une vue nette des objets qui ont un fondement