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DE PHYSIQUE.

Ainsi, lorsque la glace devient liquide, il y a une quantité de chaleur de 60d qui se convertit en chaleur latente ; en sorte qu’elle est à l’égard des corps environnans et du thermomètre, comme si elle n’existoit plus : réciproquement, lorsque l’eau liquide devient glace, une pareille quantité de chaleur latente reprend le caractère de chaleur sensible ; elle se transmet aux corps voisins, et sa présence est indiquée par le thermomètre.

138. La chaleur sensible est combinée, jusqu’à un certain point, avec le corps qui la renferme ; de manière cependant que ce corps conserve une disposition prochaine à en céder une partie aux corps environnans, dont la température seroit plus basse que la sienne. À l’égard de la chaleur latente, les physiciens l’ont envisagée sous deux points de vue différens : suivant les uns, elle se fixe dans le corps qui change d’état, et cet effet est analogue à ce qui se passe dans la cristallisation d’un sel, qui s’approprie une portion du dissolvant ; en sorte que celle-ci, engagée dans le cristal, perd toutes ses apparences et n’a plus rien de ce qui caractérise une substance humide. Les autres pensent que la capacité du corps qui a passé de l’état de solide à celui de liquide, ou de ce dernier à l’état de vapeurs, se trouve augmentée. Or, de deux substances qui ont différentes capacités de chaleur, celle qui jouit le plus de cette faculté, a besoin d’une plus grande quantité de chaleur pour être tenue à la même température ; et de là vient, dans l’opinion dont il s’agit ici, que la glace qui se résoud en eau absorbe 60d de chaleur, qui forment comme le com-