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DE PHYSIQUE.

surface du globe, ou coule dans son intérieur, est toujours chargée de matières hétérogènes. On sait que celle de la mer et de plusieurs fontaines contient plus ou moins abondamment un sel qu’on en retire par l’évaporation, et qui est connu sous le nom de sel marin. On appelle eaux minérales, celles qui renferment différentes substances salines, métalliques ou autres ; elles sont employées, avec succès, dans le traitement de diverses maladies : elles empruntent des substances unies avec elles une saveur et quelquefois une odeur particulière. À l’égard de l’eau des rivières, elle tient en dissolution diverses matières pierreuses, et en particulier des molécules calcaires ; et celle qui coule dans le sein de la terre forme des incrustations de ces mêmes molécules, tantôt à l’intérieur des canaux qui la reçoivent, tantôt autour des corps organisés qui y sont plongés.

174. On a tenté inutilement de comprimer l’eau en employant une très-grande force ; et cette propriété d’être sensiblement incompressible est générale pour tous les liquides. Une des expériences qui ont servi à la reconnoître, par rapport à l’eau, consiste à charger ce liquide d’une colonne de mercure, en employant un tube recourbé en forme de syphon, dont la branche la plus courte est fermée par sa partie supérieure, et contient de l’eau, en même temps que la branche la plus longue est occupée par le mercure, qui presse la surface de l’eau. La colonne formée par ce dernier liquide ne se raccourcit pas de la plus petite quantité sensible, lors même que celle de mercure a 227 centimètres ou sept pieds de hauteur,