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DE PHYSIQUE.

couche de matière grasse, telles que l’huile ou le suif, les mêmes effets cesseront d’avoir lieu, et le fluide conservera son niveau.

188. L’explication de ces phénomènes a fort exercé la sagacité des physiciens. Les uns ont essayé d’en rendre raison, en supposant que l’air ne pouvant s’introduire dans le tube que difficilement et en petite quantité, y exerçoit sur la colonne intérieure, une pression moins forte que celle de l’air environnant sur le liquide extérieur ; et si on leur objectoit que les mêmes effets ont lieu dans le vide, ils répondoient que, comme on ne pouvoit jamais faire un vide parfait, l’air qui restoit sous le récipient dans toutes les parties extérieures au tube, conservant le même rapport avec l’air intérieur, l’inégalité de pression et la différence de niveau qui en étoit la suite, devoient encore subsister : d’autres avoient recours à un fluide subtil, pour expliquer le phénomène, et les opinions se partageoient de nouveau sur la manière d’agir de ce fluide. Suivant les uns, ses parties étoient d’une forme globuleuse qui ne leur permettoit pas de s’arranger exactement dans un tube d’un petit diamètre, pour exercer, sur la colonne qui occupoit ce tube, une pression égale à celle que les colonnes extérieures éprouvoient de la part du même fluide ; selon d’autres, la matière subtile formoit de petits tourbillons, dont les molécules ayant un mouvement circulaire dans des plans qui passoient par l’axe du tube, et venant à rencontrer l’orifice inférieur, poussoient de bas en haut la colonne renfermée dans ce tube.

Une seule considération suffisoit pour renverser toutes ces hypothèses ; c’est que les hauteurs aux-