Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

les bornes que nous sommes obligés de nous prescrire, si nous entreprenions de parcourir tous les différens accessoires employés à introduire ou à condenser la vapeur, et de faire connoître les moyens qui ont été pris pour entretenir l’uniformité du mouvement, pour prévenir les accidens que pourroit occasionner une trop forte condensation, etc. Nous devons observer, à ce sujet, que dans les premiers essais de la machine à feu, il falloit des hommes spécialement chargés de tourner à chaque instant les robinets qui donnent passage à la vapeur ou à l’injection de l’eau froide. Aujourd’hui, tout se réduit à la surveillance de celui qui entretient le feu ; le reste marche de soi-même. La force de la vapeur qui anime le corps de la machine, se transmet aux différentes pièces qui lui tiennent lieu de bras et de mains ; et le même génie qui a su convertir un peu d’eau pénétrée de chaleur en un agent capable de produire les mouvemens qui exigent de puissans efforts, est parvenu encore à pouvoir s’en reposer sur cette cause aveugle, de ceux même qui semblent demander une attention vigilante et des soins assidus.

Ainsi, en comparant les effets de l’eau dans ses deux états extrêmes, celui de solidité et celui de fluidité élastique, on voit, avec une double surprise, la grande énergie qu’elle déploie pour rompre ses barrières, soit lorsque ses molécules restent abandonnées à la force qui agit pour les enchaîner, soit lorsqu’elles sont lancées par la force qui tend à les écarter les unes des autres.