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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

soutenir que la partie de cette colonne, qui s’élève au dessus du niveau. Or, la différence entre cette même partie et la colonne renfermée dans la branche la plus longue, donne à celle-ci un excès de poids qui n’est pas, à beaucoup près, balancé par l’excès de longueur de la colonne d’air qui répond à l’orifice de la même branche, et ainsi toute la partie de la liqueur, qui n’est pas soutenue par l’air, tombera ; et comme elle est sans cesse remplacée par celle qui vient du vase, l’écoulement ne finira qu’avec la liqueur elle-même.

267. On connoît depuis long-temps une multitude de faits que l’on attribuoit à l’horreur de la nature pour le vide, et dont l’explication s’offre comme d’elle-même, d’après les détails dans lesquels nous sommes entrés sur la pesanteur et l’élasticité de l’air. Lorsqu’on essaye de tirer le piston d’une seringue dont on a bouché l’ouverture, on éprouve une forte résistance, comme s’il étoit attaché au fond par un certain pouvoir, tandis que c’est le poids de l’air qui, en pressant sa base supérieure, l’empêche de monter. Par la même raison, on écarte difficilement les panneaux d’un soufflet, dont on a fermé les ouïes et le tuyau. Lorsque l’on place entre les lèvres un tube dont la partie inférieure est plongée dans l’eau, et que l’on aspire l’air intérieur, pour déterminer l’ascension du liquide, la succion semble être une force qui agit par attraction, tandis qu’on ne fait autre chose que rendre prépondérante l’action de l’air extérieur pour faire monter l’eau dans le tube. On pourroit citer beaucoup d’autres effets du même genre, dont les apparences sont comme des piéges tendus à l’imagination.