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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

dans les terres qui recouvrent les montagnes, jusqu’à ce qu’elles rencontrent un lit imperméable pour elles, et de là elles vont sourdre aux différens endroits de la pente et du pied de la montagne où le lit qui les a reçues se montre à découvert.

Dans les montagnes primitives, les eaux coulent le long des pierres dures, qui composent comme la charpente de ces grandes masses, et de leur réunion se forment les torrens. Les montagnes secondaires, dont la matière est plus tendre et comme spongieuse, laissent pénétrer les eaux à une plus grande profondeur, où elles les arrêtent par des couches d’argile dont ces eaux suivent la pente ; et c’est dans les joints des couches voisines que se trouvent les issues qui les répandent, Celles qui n’ont pas paru à la surface, continuent de couler dans le sein de la terre, où l’homme va les chercher par les ouvertures des puits qu’il creuse à côté de ses habitations.

332. Mais n’étoit-ce pas trop accorder à l’évaporation que de supposer qu’elle pût fournir seule cette immense quantité d’eau nécessaire à l’entretien de tant de sources, surtout en y joignant celle qui est perdue pour les fleuves et les rivières, et qui sert de boisson aux animaux, ou est absorbée par les plantes ? Mariotte, dans son Traité du mouvement des eaux, a discuté cette question, avec son exactitude ordinaire, en comparant la quantité d’eau de pluie qui tombe à Paris et aux environs, pendant le temps d’une année moyenne, avec celle qui passe, dans le même temps, sous le Pont-Royal ; et il résulte de ses observations et de ses calculs, que ce qui tombe d’eau excède tellement la quantité qui suffit pour entretenir le cours des rivières et pour remplir les étangs, qu’il faut