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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

en objectant que les globes ne manqueroient pas de crever par la pression de l’atmosphère.

Gallien étoit parti d’une idée qui paroît d’abord plus plausible en elle-même, et qui consistoit à faire flotter dans l’atmosphère un grand vaisseau occupé par un air respectivement plus léger que celui qui le soutiendroit. La difficulté eût été de mettre ce principe en exécution ; mais comme Gallien ne prétendoit offrir à son lecteur qu’une simple récréation physique, et le faire voyager en idée, rien ne le gênoit du côté des moyens, pourvu qu’ils eussent leur possibilité dans la nature. En conséquence, il faisoit son vaisseau aussi grand qu’une ville, et capable de contenir une armée avec tout son attirail, et des provisions pour un long voyage. Il le supposoit ensuite transporté dans l’atmosphère à une telle hauteur, que l’air dont il se rempliroit fût une fois plus léger que celui au-dessus duquel il flotteroit. Mais quelque élevés qu’eussent été les bords du vaisseau, l’air qui s’y seroit introduit se seroit comprimé par son propre poids, dans le même rapport que l’air environnant, et l’on concevra aisément que dès lors le vaisseau n’auroit pu se soutenir un seul instant au milieu de l’atmosphère.

336. Ainsi l’on n’avoit encore, relativement à l’art de s’élever dans les airs, que des essais infructueux, et des spéculations fausses et romanesques, lorsqu’en 1782, Mongolfier, ayant réfléchi sur le phénomène que présentent les nuages qui se soutiennent, en flottant, dans l’atmosphère, conçut l’idée de donner des enveloppes très-légères à des nuages factices, composés de vapeurs produites par la combustion de diverses substances. Il pensa que ces vapeurs, mêlées à l’air raréfié par la cha-