Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
DE PHYSIQUE.

leur dans l’intérieur des enveloppes, formeroient avec elles un tout spécifiquement plus léger que l’air environnant. Quelques essais qu’il fit en particulier, avec son frère, ayant eu une pleine réussite, ils répétèrent leur expérience à Annonay, l’année suivante, en présence d’un grand nombre de spectateurs ; et là on vit une espèce de grand sac de toile, doublé en papier, et d’abord informe, couvert de plis et affaissé par son poids, se gonfler et se développer par l’action de la chaleur, s’élever ensuite sous la forme d’un ballon de cent dix pieds de circonférence, et parvenir à une hauteur de mille toises.

On sait que depuis, l’expérience fut renouvelée plusieurs fois à Paris, et que la machine servit à élever des hommes qui entretenoient eux-mêmes le feu dans un réchaud suspendu sous l’ouverture de l’aérostat. Dans les premiers essais, la machine étoit retenue par des cordes qui permettoient seulement à cette machine de s’élever à une certaine hauteur. Enfin, Pilatre des Rosiers et Darlandes, partis avec l’aérostat abandonné à lui-même, parcoururent près de quatre mille toises en dix-sept minutes, et donnèrent le spectacle du premier voyage que l’homme ait fait à travers les airs.

Mongolfier, dans ses expériences, faisoit brûler des matières animales avec de la paille, pour enfler l’aérostat ; et l’on auroit pu croire que l’ascension de la machine étoit due en partie à la présence d’un gaz particulier, composé des différens principes qui se développoient dans la combustion. Mais il est prouvé que cet effet provenoit uniquement de la raréfaction de l’air renfermé dans l’aérostat.