Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

337. Peu après la nouvelle de l’expérience d’Annonay, Charles proposa de substituer à l’air dilaté, le gaz hydrogène, qui, dans le plus grand état de pureté auquel on l’ait amené jusqu’ici, est environ treize fois plus léger que l’air. Il ne s’agissoit que de trouver une enveloppe imperméable à ce gaz, et dans laquelle on put l’emprisonner. Ce procédé étoit plus dispendieux, mais en même temps moins dangereux et plus simple que le premier ; l’aérostat se suffisoit à lui-même, et son volume, ainsi que son poids, se trouvoient sensiblement diminués. Parmi les différentes substances dont on pouvoit composer les enveloppes, Charles préféra le taffetas enduit de gomme élastique, qui provient du suc épaissi d’un arbre de l’Amérique, auquel on a pratiqué des incisions. On fait dissoudre cette gomme dans l’huile de térébentine, avant d’en enduire le taffetas. On lança du Champ-de-Mars un globe construit par ce procédé, et qui avoit environ douze pieds de diamètre. Ce globe s’éleva en deux minutes à près de cinq cents toises ; il se soutint environ trois quarts d’heure dans l’air, et alla tomber à quatre lieues de Paris.

Quelques temps après, Charles et Robert, portés dans une nacelle suspendue à un autre aérostat du même genre, et de vingt-six pieds de diamètre, parcoururent un espace de neuf lieues avant de descendre ; et bientôt, Charles resté seul dans la nacelle, par un nouvel essor digne de son zèle et de son courage, s’éleva, en un clin d’œil, à une hauteur de près de dix-sept cents toises, comme pour aller, au nom des physiciens, prendre possession de la région des météores.

À mesure qu’un ballon de cette espèce s’élève da-

vantage