Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
DE PHYSIQUE.

duisoient indistinctement la vertu électrique ; et pour essayer de la propager à une grande distance, ils avoient imaginé de soutenir une corde de chanvre qui devoit servir de conducteur, sur un cordonnet mince de soie tendu horizontalement, dans la pensée que ce cordonnet ne laisseroit échapper qu’un filet d’électricité, proportionné à la petitesse de son diamètre, en sorte qu’une grande quantité de fluide seroit transmise par la corde de chanvre. Celle-ci avoit quatre-vingts pieds de longueur, et passoit sur le cordonnet, de manière qu’une de ses parties, longue seulement de quelques pieds, descendoit verticalement, en portant une boule d’ivoire attachée à son extrémité. L’autre partie s’étendoit le long d’une grande galerie, dans une direction horizontale, jusqu’à un tube de verre auquel on l’avoit attachée. Pendant que l’un des physiciens frottoit ce tube, l’autre voyoit un duvet de plume, placé sous la boule, se porter vers elle par attraction, et en être aussitôt repoussé. Mais le cordonnet de soie s’étant rompu, Grey, qui n’en avoit pas d’autre sous la main, y substitua un fil métallique, et depuis ce moment, tous les effets dis parurent. Les deux physiciens comprirent alors, que l’obstacle qu’avoit opposé le cordonnet de soie à la perte de l’électricité, dépendoit, non pas de la finesse du couloir, mais de sa nature même ; et ce qu’ils avoient regardé comme un accident, devint un bonheur dans leur esprit.

381. Les corps non conducteurs ont de plus cette propriété, que quand on frotte l’un d’entre eux, il se produit autour de lui un dégagement de fluide électrique, susceptible de manifester sa présence. On a donné aussi aux corps non conducteurs le nom de corps idio-