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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

de ses principes que nous allons la développer, d’après l’hypothèse des deux fluides.

426. Pour nous faire une idée plus nette de la manière dont se charge la bouteille, rappelons-nous d’abord le cas où un corps conducteur, à l’état naturel et non isolé, s’approche par degrés du conducteur d’une machine ordinaire, dont le plateau est en mouvement (415). Dans ce cas, le fluide naturel du premier corps est décomposé, et le fluide vitré qui résulte de cette décomposition est repoussé dans les corps environnans, tandis que le fluide résineux est attiré vers l’extrémité qui regarde le conducteur de la machine. La quantité de ce fluide augmente à mesure que la distance diminue entre les deux corps ; mais son accroissement n’a lieu que jusqu’au terme peu reculé, où l’attraction réciproque entre ce fluide et le fluide vitré fourni par la machine, devient capable de surmonter la résistance de l’air, et détermine ces fluides à s’échapper pour se réunir. Supposons maintenant que l’on place entre les deux corps une lame de verre qui, étant à la fois solide et imperméable au fluide électrique, oppose un obstacle comme invincible à la réunion des fluides vitré et résineux qui, dans le cas précédent, s’ouvroient bientôt un passage à travers les molécules mobiles de l’air. Rien alors n’empêchera de mettre le conducteur de la machine et le corps non isolé en contact l’un et l’autre avec les faces de la lame de verre, et cette proximité donnera lieu à un dégagement beaucoup plus abondant des deux fluides, qui d’ailleurs ne pourront se réunir ; et si l’on suppose, de plus, que chacune des faces de la lame de verre soit garnie d’une feuille de métal qui se termine à une certaine distance

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