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DE PHYSIQUE.

458. Si l’on casse une tourmaline au moment où elle manifeste son électricité, chaque fragment, quelque petit qu’il soit, a ses deux moitiés dans deux états opposés, comme la tourmaline entière ; ce qui paroît d’abord très-singulier, puisque ce fragment, en supposant, par exemple, qu’il fût situé à l’une des extrémités de la pierre encore intacte, n’étoit alors sollicité que par une seule espèce d’électricité. On résout heureusement cette difficulté, à l’aide d’une hypothèse très-plausible, semblable à celle que Coulomb a faite par rapport aux corps magnétiques qui présentent la même singularité, c’est-à-dire, en considérant chaque molécule intégrante d’une tourmaline, comme étant elle-même une petite tourmaline pourvue de ses deux pôles. Il en résulte que dans la tourmaline entière il y a une série de pôles alternativement vitrés et résineux ; et telles sont les quantités de fluide libre qui appartiennent à ces différens pôles, que dans toute la moitié de la tourmaline encore intacte, qui manifeste l’électricité vitrée ; les pôles vitrés des molécules intégrantes sont supérieurs en force aux pôles résineux en contact avec eux ; tandis que c’est le contraire qui a lieu dans la moitié qui manifeste l’électricité résineuse ; d’où il suit que la tourmaline est dans le même cas, que si chacune de ses moitiés n’étoit sollicitée que par des quantités de fluide vitré ou résineux, égales aux différences entre les fluides des pôles voisins. Maintenant, si l’on coupe la pierre à un endroit quelconque, comme la section ne peut avoir lieu qu’entre deux molécules, la partie détachée commencera nécessairement par un pôle d’une espèce, et se terminera par un pôle de l’espèce contraire. Nous donnerons un