Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
DE PHYSIQUE.

suppose que l’on peut obtenir 23 255 lames isolées, en divisant un morceau de mica de l’épaisseur d’un millimètre ou ⅑ de ligne.

17. Nous ne pouvons mieux terminer cet article, qu’en exposant une vue très-sage de Newton, sur les bornes prescrites à la division des corps, dans l’état actuel des choses. Ce grand philosophe pense que l’Être suprême, en créant la matière, l’a composée de diverses espèces de molécules élémentaires, solides, dures, invariables, dont les dimensions, les figures et les différentes qualités étoient assorties aux fins qu’il se proposoit[1]. Or, telle est la fixité de ces molécules, qu’aucuns procédés de l’art, et même aucune des forces existantes dans la nature, ne peuvent ni les diviser, ni les altérer, sans quoi l’essence des corps changeroit avec le temps. Ainsi toutes les modifications que subissent les corps, dépendent uniquement de ce que ces molécules durables se séparent les unes des autres, et se réunissent ensuite de diverses manières pour former de nouvelles combinaisons. Ces différentes molécules sont ainsi les véritables substances simples de la chimie ; et les résultats des opérations qui les présenteroient isolées, seroient le terme des efforts de cette science qui, en attendant, considère comme simples les substances qu’elle n’est pas encore parvenue à décomposer, et place sagement la simplicité à l’endroit où s’arrête l’observation.

  1. Optice lucis, lib. iii, quæst. xxxi.