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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

priétés à la fois ; en sorte que ces deux métaux sont les plus tendres, les moins élastiques et les moins ductiles de tous. C’est que le défaut de jeu nécessaire entre les molécules, pour produire la ductilité, peut provenir également et de la grande force d’adhérence qui a lieu dans les corps durs, et de la facilité avec laquelle cette adhérence peut être totalement rompue dans les corps tendres.

40. Il y a des corps qui sont ductiles à chaud et à froid : de ce nombre sont encore les métaux ; quelques-uns, tels que le verre, acquièrent de la ductilité par la chaleur ; d’autres enfin, tels que l’argile, deviennent ductiles par l’interposition d’un liquide entre leurs molécules.

41. La ductilité, qui est une qualité précieuse dans les métaux, quand il s’agit de les étendre et de les appliquer sur la surface des corps, ce qui a lieu surtout par rapport à l’or, le plus ductile de tous, devient, au contraire, un inconvénient lorsqu’on les emploie en masse ; et les ouvrages faits avec ces métaux, façonnés dans leur état naturel, n’auroient pas assez de consistance, et seroient sujets à se déformer et à perdre le fini que la main de l’art leur a donné. On y remédie en alliant avec le métal que l’on emploie, un autre métal dont les molécules interposées entre les siennes, en diminuent le jeu, et les lient plus fortement les unes aux autres. Au moyen de ces alliages, les arts parviennent à rendre les métaux plus durs ou plus sonores ; ils en modifient à leur gré les propriétés, et les transforment en d’autres métaux intermédiaires, dont la diversité est assortie à celle de nos usages.