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DE PHYSIQUE.

clef est adhérente, en faisant correspondre du même côté les pôles de différens noms ; à l’instant la clef tombe, parce que l’action que le pôle en contact avec elle exerce pour attirer à lui le fluide hétérogène de cette clef, est presque détruite par l’action répulsive du second barreau ; d’où l’on voit que l’explication du fait suppose nécessairement ce principe, que le fer mis en contact avec un aimant, devient aimant lui-même. On conçoit aussi la raison de l’espèce de surprise que cet effet occasionne, lorsque l’esprit n’est pas en garde contre le paradoxe qui se présente à l’œil, et qui consiste en ce qu’une force est détruite par l’addition d’une autre force qui, employée seule, produit en apparence un effet tout semblable.

556. L’action du magnétisme se transmet librement à travers tous les corps qui ne sont pas susceptibles de l’acquérir. Que l’on interpose une planche, une glace, une plaque de cuivre, etc., entre deux aimants, on ne remarquera aucune altération sensible dans leurs actions réciproques. Le charlatanisme a profité de cette faculté qu’ont les forces magnétiques de n’être arrêtées par aucun obstacle, pour donner un air de prestige à des phénomènes très-ordinaires, à l’aide d’un mécanisme qui en déroboit aux regards le véritable agent.

Mais ici l’expérience seule, dégagée de tout ce qui pourroit la déguiser, conduit à des résultats qui paroissent faits pour déconcerter la sagacité du physicien lui-même ; et jamais une théorie n’est mieux établie que quand ses principes, que l’on auroit crus d’abord ébranlés par les difficultés qui naissent de ces résultats, empruntent, au contraire, une nouvelle force des

Tome ii.
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