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DE PHYSIQUE.

qui est celle de Newton, il en seroit de la lumière, du moins quant à la manière dont elle est produite, comme des corpuscules émanés des corps odorans.

Un rayon de lumière, selon Descartes, est une file de molécules dont les mouvemens consistent dans de très-petites oscillations, qui se répètent continuellement ; suivant Newton, c’est une file de molécules qui ont toutes un mouvement de transport, et se succèdent sans interruption.

Dans les deux hypothèses, on considère chaque point d’un corps lumineux comme le sommet commun d’une infinité de cônes d’une très-petite épaisseur, composés de rayons qui s’étendent indéfiniment tant que rien ne les arrête. On donne quelquefois à ces cônes eux-mêmes le nom de rayons, et alors l’axe du cône est la ligne à laquelle on rapporte la direction du mouvement de la lumière.

616. Les deux hypothèses ont chacune en leur faveur des autorités d’un grand poids. Cependant, si on les compare sous tous les rapports, on ne pourra refuser la préférence à celle de Newton. Celle de Descartes a d’abord contre elle une objection très-forte, à laquelle on a tenté en vain de répondre d’une manière satisfaisante ; car dans cette hypothèse, la lumière ne se répandroit pas seulement en ligne directe, mais son mouvement se transmettroit dans tous les sens comme celui du son, et iroit porter l’impression des corps lumineux dans les espaces situés au delà des obstacles qui se présenteroient pour l’arrêter. Nous devrions donc avoir un jour perpétuel ; et jamais, dans les éclipses totales de soleil, nous n’aurions cette disparition de la lumière