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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

qui concernent la lumière décomposée et les couleurs.

Ces principes une fois établis, nous en ferons l’application à la vision, soit naturelle, soit aidée par les instrumens de catoptrique et de dioptrique.

1. De la Nature et de la Propagation de la Lumière.

615. Lorsqu’un corps lumineux répand sur tous les autres corps renfermés dans sa sphère un éclat qui affecte nos yeux, et rend ces corps visibles pour nous, cet effet suppose nécessairement l’existence d’un fluide dont l’action s’exerce, et sur les objets éclairés, et sur l’organe qui les aperçoit. Ce fluide est-il une matière subtile qui remplit toute la sphère de l’univers, et à laquelle le corps lumineux imprime une agitation qui se transmet ensuite de proche en proche, comme les vibrations du corps sonore se propagent par l’intermède de l’air ? Telle étoit l’hypothèse de Descartes, admise par plusieurs physiciens modernes qui, pour l’adapter au phénomène de la réflexion et à celui de la propagation de la lumière, y ont fait quelques changemens, en supposant que les particules de ce fluide, au lieu d’être inflexibles et tout-à-fait contiguës, comme le vouloit Descartes, étoient élastiques et laissoient entre elles de petits intervalles. La lumière provient-elle, au contraire, d’une émission ou d’un écoulement des particules propres du corps lumineux qu’il lance sans cesse de tous côtés, par un effet de l’agitation continuelle que lui-même éprouve ? Dans cette hypothèse,