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DE PHYSIQUE.

les reflets qu’elle lance de son intérieur, semble réunir les teintes du rubis, de la topaze, de l’émeraude, du saphir, animées d’une vivacité particulière. Cette pierre ne doit sa beauté qu’à ses imperfections, et à la multitude de fentes et de gerçures qui interrompent la continuité de sa matière propre, et forment des vides occupés par un fluide subtil qui est probablement l’air. Les petites lames de ce fluide sont précisément dans le même cas que la lame d’air renfermée entre les deux objectifs dans l’expérience de Newton : aussi les couleurs de l’opale disparoissent-elles dès qu’on la brise.

Le carbonate de chaux transparent, le sulfate de chaux, le cristal de roche, etc., présentent aussi assez souvent à l’intérieur des reflets diversement colorés, que l’on doit attribuer de même à de légères fissures qui se sont faites naturellement dans la pierre, ou que la percussion y a produites.

731. La densité des molécules des corps surpasse de beaucoup, en général, celle des milieux qui occupent les interstices entre leurs lames composantes, et de l’air qui environne ces corps. De là vient que les couleurs des mêmes corps, vues sous différens degrés d’obliquité, ne changent pas sensiblement ; mais si l’on suppose que les lames n’aient guère plus de densité que les milieux environnans, alors un changement tant soit peu considérable dans leur position, à l’égard de l’œil, fera varier leurs couleurs[1].

  1. Optice Lucis, lib. II, pars 3, propos. 6.
Tome ii.
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