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DE PHYSIQUE.

réfraction, comme cela a lieu par rapport à chacun des petits espaces pris sur la lame d’air, dans l’expérience des anneaux colorés : telle est l’infusion de bois néphrétique, qui paroît bleue sous l’aspect ordinaire, et qui devient jaune lorsqu’on place entre l’œil et la lumière le vase qui la contient. Une lame d’or extrêmement mince continue de réfléchir le jaune et paroît verdâtre lorsqu’on la regarde par réfraction. Ces phénomènes, et d’autres semblables, suivant l’expression de Newton, n’ont plus besoin d’un Œdipe[1].

742. On voit combien l’observation des anneaux colorés sert à lier de faits différens dans une même théorie ; mais on pourroit désirer que cette théorie remontât encore plus haut, et expliquât, d’après quelqu’hypothèse, pourquoi certains rayons sont transmis, tandis que d’autres sont réfléchis par une épaisseur d’une lame déterminée. On supposera, si l’on veut, d’après Newton[2], qu’il en est des rayons de la lumière à l’égard des différens corps naturels, comme des corps sonores à l’égard de l’air, c’est-à-dire, que les rayons excitent dans les molécules des corps qui les réfractent ou les réfléchissent, certaines vibrations qui se propagent d’une surface à l’autre, mais de manière que leur vîtesse est plus grande que celle des rayons eux-mêmes, en sorte qu’elles prennent, pour ainsi dire, les devants. Or, comme ces vibrations consistent dans de

  1. Newtonis Opusc., t. II, p. 290.
  2. Optice Lucis, lib. II, pars 3, propos. 12. Ibid., lib. III, quæst. 17.