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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

présentent à nous sous des apparences plus ou moins trompeuses, qui nous induisent dans ces espèces d’erreurs que l’on a nommées illusions d’optique, et dont nous parlerons dans la suite. Donnons un nouveau développement à ce sujet intéressant, et essayons de suivre l’œil depuis les espaces où il est dirigé par une sorte de souvenir des leçons qu’il a reçues du tact, jusqu’aux vastes régions qu’il franchit, bien au delà du cercle qu’il a parcouru avec son guide.

758. Lorsque nous regardons un objet, il y a toujours un point de cet objet que nous fixons plus particulièrement que les autres, et vers lequel se dirigent les deux axes optiques, en sorte que ce même point devient le sommet de l’angle qu’ils forment entre eux. À mesure qu’un objet s’approche ou s’éloigne de nous, ou, ce qui revient au même, à mesure que nous avançons vers cet objet, ou que nous nous en écartons, les yeux font des mouvemens continuels pour varier leur figure et leur position, de manière à ce que les deux axes optiques coïncident toujours sur un même point de l’objet. Lorsque les distances dont il s’agit sont de celles que nous pouvons mesurer par les mouvemens de la main, ou en allant toucher l’objet, le sentiment que nous avons des mouvemens que font en même temps nos yeux pour se diriger vers l’objet, nous fait contracter l’habitude de juger des distances d’après les impressions qui sont liées à ces mouvemens, et en même temps d’estimer la position de l’objet[1] ; de là

  1. Mallebranche, Recherche de la Vérité, t. I, p. 115 et 119.
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