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DE PHYSIQUE.

des impressions semblables que font sur l’organe les rayons envoyés par ces objets.

757. Nous avons dit (754) que l’image de chaque objet se peint au fond de l’œil dans une situation renversée, et des savans célèbres en ont conclu que chacun voyoit naturellement tous les objets dans cette même situation ; mais il sera aisé de sentir combien cette conséquence est peu fondée, si l’on considère que nous voyons notre propre corps, qui a son image renversée sur la rétine, comme celle des autres objets, en sorte que le seul sentiment que nous avons de notre position détermine la sensation qui nous fait voir tous les objets droits.

En même temps que le tact instruit l’œil à rapporter au dehors les images des objets et à en saisir les formes, il l’exerce sur l’estimation de leur position dans l’espace, de leurs grandeurs et de leurs distances ; et lorsque ces distances surpassent celles jusqu’où s’étendent les mouvemens de la main, nous y suppléons par un autre exercice, qui consiste à nous approcher de l’objet jusqu’au point de le toucher, et à nous en éloigner ensuite, et nous jugeons à peu près de sa distance par l’étendue des mouvemens que nous faisons vers lui, ou en sens contraire. Lorsqu’ensuite la distance surpasse la portée de nos mouvemens ordinaires, les rapports que nous sommes exercés à saisir nous servent comme de règles pour appliquer à des objets plus éloignés les impressions qui se font en nous ; mais à mesure que l’éloignement augmente, les circonstances deviennent toujours moins favorables à ces applications ; et au delà d’un certain terme, les objets se