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Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/313

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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

se perdre dans la couleur du fond, lorsque la distance est supposée très-considérable.

765. Enfin, lorsqu’entre un objet et nous il se trouve plusieurs autres objets, cette nouvelle circonstance nous aide encore à estimer la distance du premier objet, par une sorte d’addition que nous faisons de toutes les distances des objets intermédiaires, pour en composer une distance totale ; d’où il résulte qu’alors un objet nous paroît plus éloigné que dans le cas où l’espace qui nous en sépare seroit nu, et sans aucun point de ralliement qui pût nous servir à sommer toutes les parties de la distance.

766. Pour confirmer tout ce que nous venons de dire au sujet de la vision, nous ajouterons ici un ou deux exemples qui prouvent à quel point l’œil est neuf dans l’art de voir, lorsqu’il donne accès à la lumière pour la première fois. Un jeune homme âgé de 13 ans, auquel M. Chesselden venoit de faire l’opération de la cataracte[1], fut d’abord si éloigné de pouvoir juger en aucune manière des distances, qu’il croyoit que tous les objets indifféremment touchoient ses yeux (ce fut l’expression dont il se servit) comme les choses qu’il palpoit touchoient sa peau. Les objets qu’il trouvoit les plus agréables étoient ceux dont la surface est unie et la forme régulière, quoiqu’il ne pût encore porter aucun jugement sur leur forme, ni dire pourquoi ils avoient pour lui plus d’attrait que les autres. Il se passa

  1. La cataracte est une privation de la vue, occasionnée par l’opacité du cristallin. Pour rendre au malade la faculté de voir, on déplace le cristallin en l’abaissant ou en l’extrayant.