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DE PHYSIQUE.

que l’on sait avoir la même vertu que la torpille, des effets magnétiques très-sensibles. Selon ce physicien, l’anguille, placée dans le voisinage d’un aimant, étoit attirée par ce corps et y restoit attachée ; on parvenoit avec peine à l’en séparer, et alors elle étoit languissante, et l’on pouvoit la toucher impunément. De plus, l’aimant qui avoit servi à l’expérience paroissoit couvert de particules de fer, et lorsqu’on mêloit de la limaille de ce métal à l’eau dans laquelle l’anguille étoit plongée, celle-ci se ranimoit et reprenoit ses forces[1].

Ces assertions ont été entièrement détruites par plusieurs physiciens distingués, entre autres par Ingenhousz et Spallanzani, qui, ayant répété, avec beaucoup de soin, les expériences indiquées par Schilling, n’ont pas remarqué que l’aimant exerçât la plus légère action sur l’anguille[2]. M. Hahn, professeur de médecine à Leyde, qui a sagement discuté l’opinion de Schilling, observe que les fleuves d’Amérique, dans lesquels on trouve l’anguille de Surinam, charrient du sable magnétique, et présume que des grains de ce sable s’étant attachés à la peau gluante du poisson, qui en étoit probablement tout couvert, au moment où Schilling a fait les expériences, ont pu être une des principales causes de l’illusion qui a séduit ce physicien[3].

517. Le docteur Bancroft paroît être le premier qui ait soupçonné de l’analogie entre les phénomènes de la

  1. G. W. Schilling, Diatribe de morbo in Europâ penè ignoto, Jaws dicto., 1770.
  2. Recueil de Mém. sur l’Analogie de l’Électric. et du Magnét., par H. Van Swinden ; 1784, t. I, p.439 et suiv.
  3. Ibid., p, 438.