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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

est fourni de nerfs remarquables par leur volume, qui s’insèrent entre les tubes, et finissent par se distribuer dans leur intérieur.

514. Réaumur a observé que quand la torpille vouloit mettre son organe en activité, elle diminuoit d’abord insensiblement la courbure de son dos, qui s’aplanissoit, et même quelquefois devenoit concave, puis le relevoit par un mouvement subit qui lui faisoit reprendre sa convexité[1]. Si dans ce moment on touchoit la torpille avec le doigt, on éprouvoit une commotion semblable à un engourdissement.

515. Parmi les physiciens, les uns attribuoient ce phénomène à l’émission d’une infinité de corpuscules qui sortoient continuellement de la torpille, mais dont l’effluve étoit plus abondant en certaines circonstances, et qui, en s’insinuant dans les membres, les engourdissoient, soit parce qu’ils s’y précipitoient en trop grand nombre, soit parce qu’ils y trouvoient des routes peu assorties à leurs figures. Selon d’autres, l’action de la torpille consistoit dans un ébranlement particulier qu’elle imprimoit aux nerfs, et d’où résultoit une sensation désagréable qui engourdissoit le membre où elle étoit produite.

516. Une nouvelle opinion, qui n’avoit pas plus de fondement que les précédentes, mais qui méritoit mieux que l’on fit des efforts pour la détruire, est celle de Schilling, qui avoit cru reconnoître dans l’anguille de Surinam,

    vertu, dans le cinquième cahierdesAnnales du Muséum d’Hist. Nat., p. 392 et suiv.

  1. Mém. de l’Acad. des Sc. ; ann. 1714.