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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

de verre une feuille d’étain, dans laquelle il avoit laissé une petite séparation. Cette feuille avoit ses deux bords en communication avec les corps à travers lesquels se faisoit la décharge du poisson. À l’instant de cette décharge, on voyoit très-distinctement paroître une étincelle qui franchissoit le petit intervalle pratiqué dans la feuille d’étain. Il falloit pour cela que le poisson fût exposé à l’air libre, et lorsqu’on essayoit de faire l’expérience dans l’eau, on ne voyoit plus d’étincelle[1].

520. Les effets des poissons électriques avoient été remarqués, depuis long-temps, par les pêcheurs. Redi rapporte que c’étoit une opinion généralement répandue parmi ces derniers, que la vertu de la torpille se communiquoit à la main et au bras de celui qui la pêchoit, par l’intermède du filet et du bâton auquel elle étoit suspendue[2]. Les poissons doués de cette vertu s’en servent comme d’une arme invisible, pour transmettre à travers l’eau une violente secousse aux poissons d’une espèce différente, sur lesquels ils se jettent après les avoir étourdis, et dont ils font leur proie.

521. Terminons cet article par quelques détails sur la théorie à l’aide de laquelle on a essayé de lier les phénomènes dont il s’agit avec ceux de l’électricité ordinaire. Quoique Walsh eût tenté inutilement d’obtenir des attractions et répulsions entre des balles de moelle de sureau suspendues à des fils qui com-

  1. Philosophic. transact., t. LXIII, p. 461, et t. LXIV, p. 465.
  2. Experimenta circa res diversas naturales.