Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
DE PHYSIQUE.

muniquoient avec la torpille, il n’avoit pas laissé de regarder ce poisson comme une espèce d’instrument électrique animé, et il avoit cherché à expliquer les différences qui modifioient les rapports qu’il avoit d’ailleurs avec la bouteille de Leyde. Il observoit que la même quantité de fluide électrique qui, concentrée dans cette bouteille, étoit capable de produire les effets connus de tous les physiciens, n’agiroit plus de la même manière, si on la raréfioit en la distribuant sur plusieurs grandes jarres, dont les parties, garnies de feuilles d’étain, offriroient une surface totale quatre cents fois plus grande que celle des garnitures de la bouteille. Car alors il n’y auroit plus d’attractions ou de répulsions sensibles, tandis que le même fluide, ainsi dilaté, seroit encore capable de faire éprouver une commotion à l’instant où l’on déchargeroit l’appareil. Or, cette distribution avoit lieu dans la torpille, où le fluide électrique étoit répandu et raréfié sur la somme de toutes les surfaces des prismes qui formoient l’organe de ce poisson. C’étoit tout ce que la théorie pouvoit alors suggérer de plus plausible ; et ce qui est très-remarquable, c’est que l’on n’ait pas balancé à faire dépendre de l’électricité ces phénomènes qui, dans la réalité, ne sont autre chose qu’un résultat de cette même action galvanique, qui, depuis, a donné naissance à de nombreuses discussions entre les savans des divers pays, sur la véritable nature du fluide qui la produit.

Les physiciens qui sont venus après Walsh ont continué de comparer les commotions données par la torpille avec celles que l’on éprouve en se servant de la bouteille de Leyde. Mais depuis les découvertes de Volta,