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les dépaysés

l’aider n’avaient pas d’enfants à l’école ; ils se contentèrent de rester neutres dans la tempête.

Il n’est pas rare qu’en dehors des heures de classe, des enfants inspirés par les parents ne vinrent jeter des pierres contre sa porte et lui faire le charivari le soir sous sa fenêtre. On se croyait tout permis contre cette femme, cet enfant qui, sans doute, n’avait pas montré beaucoup d’expérience dans le maniement de la situation, mais dont la bonne volonté évidente, soutenue par l’autorité des parents, eut pu rayonner si efficacement.

Néanmoins, elle crut devoir, faire une nouvelle démarche auprès des commissaires, dans l’intérêt des élèves. C’était pendant les dernières journées chaudes de septembre. Elle demanda s’il n’était pas possible de pratiquer quelques ouvertures qui permissent à l’air de pénétrer dans la salle de classe, la porte étant tout à fait insuffisante. Les enfants étaient si incommodés par la chaleur qu’ils ne savaient pas quelle posture prendre, devenaient nerveux, et tout travail était impossible. On lui répondit qu’elle aurait bientôt assez d’air froid, que ces ouvertures refroidiraient la maison, et que le chauffage coûtait les yeux de la tête aux habitants de la localité.

Tout lui étant refusé, elle but pendant les quelques mois qui suivirent, le calice de l’amertume jusqu’à la lie. C’était maintenant de froid qu’elle souffrait. On lui donnait pour chauffer son poêle du bois qu’on venait d’abattre. L’humidité du combustible, le mauvais état du poêle rendaient le chauffage tout à fait inadéquat. Tous les enfants et l’institutrice avaient le rhume. Les parents l’accusèrent d’être trop paresseuse pour entretenir le feu.