Page:Raîche - Les dépaysés, c1929.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
les dépaysés

lysie qui affectait tout le côté gauche. Chaque jour, le mal progressait en gagnant la région du cœur.

Sur ces entrefaites, on reçut une dépêche de Paul qu’il s’embarquait pour le Canada. On calcula qu’il lui faudrait dix à douze jours pour traverser. Le vieillard dit :

« C’est tout ce que je demande au bon Dieu de le revoir. »

Le septième jour, ses forces commencèrent à diminuer considérablement. « Mon Dieu, accordez-moi ces quelques heures qui me séparent de lui. » Ce fut sa dernière prière. Le soir même une nouvelle attaque le rendit inconscient. Pendant douze heures on n’entendit plus que sa respiration haletante. Et il expira.

Paul n’arriva que le surlendemain des funérailles. Il trouva à la maison Marthe avec une voisine qui restait avec elle depuis la mort de son père. Il comprit du coup toute l’étendue de son nouveau malheur. Il alla d’une pièce à l’autre, entra dans la chambre où il était né et où étaient morts ceux qu’il cherchait en vain. Il comprit leur voix, et revint vers Marthe :

« Sais-tu, lui dit-il, où sont mes habits de travail ? »

Marthe se leva et alla les lui chercher. Il s’en revêtit et sortit travailler sur la ferme.