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les dépaysés

UNE RANDONNÉE AUX ÉTATS-UNIS


Le départ s’accompagne toujours d’un petit moment d’angoisse. L’inconnu, ses insécurités, ses contingences, tout ce qu’il comporte, créent un malaise bien passager d’ailleurs. Nous avons ressenti cette petite inquiétude lorsque nous sommes partis de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, le vendredi, 25  mai. Il est trois heures de l’après-midi. L’automobile démarre. Nous passons quelques rues et nous sommes dans la campagne. La journée est belle, l’air est d’une douceur de miel, le chemin nous sourit, et un silence odorant remplit le paysage. Nous sommes déjà contents d’être partis. La voiture nous emporte en grondant vers Frédéricton, où après un court arrêt nous repartons pour Woodstock. Le lendemain nous traversons la frontière. Nous sommes donc bien aux États-Unis, le but de notre voyage. Les paysages ne diffèrent pas absolument de ceux du Canada. Cependant on se sent dans un autre pays. L’excès des annonces, des réclames qui bordent la route nous en avertit. Nous arrivons bientôt à Bangor, la première grande ville que nous rencontrons. Toutes les villes américaines se ressemblent étrangement. Il y a, en premier lieu, les abords qui sont presque toujours dilapidés et enfumés, une rue principale où se brassent les affaires et où trépigne une populace fiévreuse, un quartier retiré où il y a de jolies résidences