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les dépaysés

les ont tout lu, tout fouillé, tout dépouillé ce qui s’y rapporte de loin ou de près, elles y ont consacré leur vie, oublié de se marier, et produit toute une littérature sur le sujet, fort curieuse et ingénieuse. Elles démontrent que chaque point, chaque virgule est l’œuvre de Bacon. »

« Je croyais, lui dis-je, que cette théorie n’avait plus de partisans depuis longtemps. » N’en croyez rien. En effet, c’est un cas psychologique qui mérite d’être étudié que des personnes donnent leur vie et leur fortune, littéralement leur fortune, pour prouver que Shakespeare n’a pas écrit ses livres. Quel qu’en soit l’auteur, c’est une œuvre dont le monde est fier et qui honore la nation qui l’a produite. Mais les Baconiens ne l’entendent pas de cette façon.

Je visite le département des Livres français. Notre littérature y est bien représentée.

« Savez-vous, me dit l’employé, qu’il y a eu une querelle entre les lecteurs et les autorités de la Bibliothèque à cause de la lenteur que l’on met à se procurer des nouveautés françaises ? »

De Boston nous allons à New-York en passant par Peekhill et Plattsburg.

Plattsburg est une petite ville canadienne-française en voie de s’américaniser. Tous les noms y ont pris une tournure anglaise. Cela étonne d’autant plus que ce village est situé à proximité de Montréal. Nous pouvons en dire autant de Fort Covington, tandis que des villes plus éloignées, plus noyées ont mieux conservé leur caractère français.

Nous filons à Peekhill, située à une quarantaine de milles de New-York et d’un extraordinaire essor industriel. Le lendemain est un dimanche. Nous