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les dépaysés

met qu’il a raison pour oublier ce petit incident.

D’ailleurs la revue « L’Automobile au Canada » avait récemment la note suivante :


LES MORTS VONT VITE


L’un des membres du Conseil municipal de Paris proposait, l’autre jour, de remplacer les corbillard à traction animale par des voitures automobiles dans le but d’empêcher l’arrêt momentané de la circulation au passage des cortèges funèbres.

Le conseiller, auteur de cette proposition, a déclaré que Paris était la seule capitale européenne où l’on se tient encore à la coutume des lentes processions funèbres de parents et d’amis reconduisant à pied le défunt à son dernier repos. Ces cortèges, a-t-il dit, interrompent la circulation dans les rues.

Commentant cette proposition, un journal de Paris dit qu’elle va probablement froisser les sentiments de certaines gens, mais que l’on finira par s’y habituer. Beaucoup de personnes qui marchent dans ces cortèges, dit-il, ne demanderaient pas mieux que de voir abolir cette mélancolique coutume.

Ici et là nous rencontrons des globe-trotters. Quelques-uns vont à pied, d’autres à cheval, d’autres en automobile. Hier nous en avons rencontré un qui menait une petite brouette devant lui dans laquelle étaient ses effets. Et ce matin à une auberge nous avons vu deux vieilles dames, les cheveux blancs, qui ont aussi entrepris de faire le tour du monde à pied. Elles espèrent le compléter avant de mourir. Dans toute cette légion de marcheurs et de marcheuses intrépides, je m’étonne que personne n’ait encore songé à faire le tour du monde à reculons.

Nous arrivons à Philadelphie. Dans la salle de lecture de l’hôtel, mon voisin, un jeune homme, jette