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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/102

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JUSTINE.

ressemblance m’avait fait une clientelle nombreuse, nous vivions heureux, et j’atteignis ainsi ma vingtième année. Vint l’époque de la conscription, cela me tomba sur la tête comme une bombe ; ma mère et moi n’y avions jamais songé. Je voulus faire valoir ma qualité de fils unique de veuve ; on me demanda de prouver d’abord ma qualité de fils légitime. J’écrivis en Italie… un incendie avait détruit les archives de l’église dans laquelle le mariage de mon père et ma mère avait été célébré ; ma mère, aux yeux de la loi, n’était plus digne d’être secourue ; il fallut partir… Oh ! je ne dirai pas tous les maux que je souffris, les dégoûts dont je fus abreuvé ; il faut avoir subi ces horribles épreuves pour s’en faire une juste idée. En avant, marche ! à droite, à gauche ; obéis au tambour, obéis au caporal, obéis au sergent… : leurs ordres sont contradictoires ? obéis toujours ; ils révoltent ma rai-