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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/158

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JUSTINE.

maçon qui, l’année précédente, avait été obligé de débourser dix-huit cents francs pour acheter un remplaçant à son fils : qu’est-ce que nous allons faire de ce gaillard-là ?… Moi, d’abord, je ne vous le cache pas, les réfractaires sont ma bête noire ; car enfin on doit servir sa patrie, c’est une chose sacrée ça !… à moins qu’on n’ait dix-huit cents francs, vaillant bien entendu. Mais un scélérat qui n’a rien, et qui ne veut pas être soldat ! c’est révoltant, ma parole d’honneur !

— Et puis, messieurs, dit un épicier, il ne faut pas oublier qu’il y a assassinat… de qui, je vous prie ? assassinat de gendarmes, c’est-à-dire des plus fermes soutiens de l’ordre public ! Savez-vous bien, messieurs, que des gendarmes aux épiciers il n’y a qu’un pas, et que, s’il n’y avait pas de gendarmes, il serait impossible de tenir boutique ouverte jusqu’à dix heures du soir ? Par conséquent