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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/177

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AFFREUX COMPLOT.

dans son cerveau : il résultait de cette conflagration une espèce de démence qui lui ôtait le sentiment du bien et du mal. Sa vertu, toutefois, finissait par triompher ; mais ce n’était qu’après avoir long-temps combattu, et alors que ses forces éteintes imposaient silence à son amour. Car l’amour, il faut bien l’avouer, à la honte de l’espèce humaine, le véritable amour est capable de tout, des plus belles actions et des plus grands crimes. Justine le sentit alors, elle si pure, si vertueuse, et qui cependant sollicitait un délai pour se décider à trahir sa bienfaitrice. Pendant les deux jours qui suivirent, elle fit tous ses efforts pour voir Georges ; mais elle ne put y parvenir, les visiteurs n’étant admis que deux fois par semaine. Alors elle se laissa aller au désespoir ; néanmoins elle se demandait de temps en temps ce que c’était que le sacrifice d’un peu d’or et de quelques diamans en compa-