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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/220

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JUSTINE.

la raison. Il était donc vrai que la justice des hommes la rayait de la liste des vivans ! C’était à cette fin que l’avait conduite son amour de la vertu ; c’était parce qu’elle s’était efforcée de rester pure qu’on la condamnait au dernier supplice !

— Oh ! qu’ils se hâtent donc de me l’ôter cette vie dont j’ai horreur, disait-elle en pleurant amèrement… Je veux leur éviter la peine de me chercher ; j’irai me présenter à eux ; leur jugement est un bénéfice qui m’est acquis, et je les sommerai de l’exécuter… N’ont-ils pas raison, après tout ? N’est-ce pas là le seul moyen de terminer mes maux ? Dieu est miséricordieux ; il m’accorde ce que je lui ai si souvent demandé ; que sa divine volonté soit faite !

Et, oubliant dans quel lieu elle se trouvait, l’orpheline tomba à genoux, joignit les