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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/222

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JUSTINE.

lut s’éloigner ; mais le premier soldat la retint fortement par le bras.

— Mille tonnerres ! mon cœur, est-ce qu’on vous fait peur ? dit-il en s’efforçant de l’embrasser ; n’ayez donc pas de crainte, les soldats français ne sont pas des Turcs, encore moins des Bédouins… mais pour ce qui est de plaire aux belles et de respecter le sexe… Eh bien ! est-ce qu’elle croit qu’on va la manger ?… Sois donc tranquille, ma fille, le soldat français n’avale pas de si grosses bêtes sans les mâcher.

— Et comment serait-elle tranquille cette jeunesse, dit l’autre soldat, en entendant les propos intempestifs qui démontrent insensiblement l’embouchure de ton savoir-vivre ?… Relativement au service, tu es bon là, c’est vrai ; mais pour le civil, ça n’est pas ton affaire, et au vis-à-vis du sexe tu n’as pas plus de chose qu’un enfant.