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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/242

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JUSTINE.

quitte son enveloppe mortelle… La nécessité est la loi suprême ; il faut lui obéir… Pauvre petite ! vous aimez… Eh ! croyez-vous que la vue d’une femme ne m’ait jamais ému, que mes larmes et mes soupirs ne se soient jamais mêlés aux larmes et aux soupirs d’une jolie pécheresse ?… Vous implorez ma pitié, Justine, et c’est moi qui ai besoin de la vôtre.

Le prêtre avait des larmes dans la voix en prononçant ces dernières paroles. Justine ne savait que penser de ces demi-confidences ; elle attendait avec anxiété la fin de cette étrange conférence, et ses yeux épiaient les paroles prêtes à tomber des lèvres de son interlocuteur, qui, après un court silence, reprit ainsi :

— Le monde est fait de telle sorte, ma fille, que la vertu y est toujours un fardeau