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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/244

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JUSTINE.

qu’un moyen de la sauver ; vous sentez-vous assez de vertu pour le rejeter ?

— Ma vie est entre vos mains, dit la pauvre fille en fondant en larmes ; vous êtes le maître d’en disposer.

— Je ne veux pas être votre maître, Justine, mais votre ami, votre protecteur ; je veux sauver votre vie menacée, espérant que vous jetterez quelques fleurs sur la mienne, si triste, hélas ! Et, s’il arrive que nous déposions quelquefois ce fardeau si lourd, dont je vous parlais tout à l’heure, c’est ensemble que nous en ferons pénitence.

En parlant ainsi il avait pris l’une des mains de Justine, qu’il serrait tendrement ; la pauvre petite ne songeait pas à la retirer ; car, à l’accès de frayeur que lui avait causé cette image du bourreau réclamant sa tête,