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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/247

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SÉDUCTION.

Plusieurs jours s’écoulèrent ; les visites du prêtre devenaient plus fréquentes et plus longues ; son langage était aussi beaucoup plus clair ; mais il s’en tenait aux paroles. Justine avait cessé de l’appeler mon père ; elle était froide, réservée, protestait de sa reconnaissance, mais paraissait inébranlable dans la résolution qu’elle avait prise de rester pure, quelque chose qui pût arriver.

— Vous parlez de reconnaissance, lui dit un jour l’aumônier, et vous voulez faire de ma vie un long supplice… Je souffre horriblement, Justine ; la mort serait mille fois préférable aux tourmens que j’endure. Et cette vie pourrait être si douce pour tous deux ! j’avais entrevu un si long avenir de paix, de bonheur et d’a… ! Justine ! au nom du ciel, soyez à moi !…

— C’est le ciel que vous invoquez pour me pousser au crime ! s’écria la jeune fille…