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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/256

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JUSTINE.

du jour, la pauvre Justine, qui n’avait pu dormir un seul instant, se leva, bien décidée à sortir de sa retraite pour n’y plus rentrer. Elle s’habilla à la hâte, adressa à Dieu une fervente prière, se munit d’un peu de pain, et sortit. Au moment où elle mettait le pied dans la rue, ne sachant si elle tournerait à gauche ou à droite, l’un des deux agens de police lui saisit violemment les bras, tandis que l’autre préparait les menottes et en serrait les blanches et douces mains de l’orpheline. Elle jeta un cri perçant, on lui mit un bâillon ; elle ne pouvait marcher, on la traîna, et elle fut bientôt sous les verroux.

Ne sachant à qui s’adresser, désespérant de pouvoir faire reconnaître son innocence, l’infortunée Justine se résigna au sort affreux qui semblait lui être réservé, et selon son usage chercha à se consoler par la prière. Mais, malgré tous ses efforts, quand elle