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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/285

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DOUBLE FUITE.

entrés et après qu’il eût soigneusement fermé les portes, ma fille, c’est souvent par des voies inconnues que Dieu nous conduit au port du salut ; c’est pourquoi nous devons toujours obéir à ses commandemens, quelque extraordinaires qu’ils nous paraissent ; car qu’est-ce que notre faible raison auprès de la divine Intelligence ?… Lorsque Dieu commanda à Abraham d’égorger Isaac, son fils unique, le saint patriarche se garda bien de commenter les paroles du Seigneur ; il oublia que le sacrifice que lui demandait le Très-Haut était réputé crime et puni du dernier supplice par les lois humaines. Il en fut de même de Judith quand elle livra ses charmes à Holopherne. L’Écriture sainte, mon enfant, est remplie d’exemples de la même nature. Ainsi donc, ce qui vous semble un si grand péché n’est probablement qu’un sacrifice que Dieu vous demande.