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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/300

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JUSTINE.

pour aller prendre les ordres de sa maîtresse.

La marquise d’Albimont avait été une fort jolie femme ; veuve de bonne heure, elle avait beaucoup sacrifié à l’amour ; le nombre de ses adorateurs avait été grand, et ses affaires de cœur avaient été l’occupation de toute sa vie, jusqu’à ce qu’enfin le rouge, le blanc, le bleu, le noir, l’art du dentiste et une foule d’autres auxiliaires étant insuffisans pour dissimuler les outrages du temps, elle renonça à l’amour qui l’abandonnait pour se jeter dans les bras de la religion. La marquise était donc devenue dévote ; mais, malgré ses efforts, l’amour du Créateur n’excluait pas absolument l’amour de la créature ; elle ne se rappelait pas sans soupirer tendrement les délices de cette vie périssable. Madame d’Albimont avait un peu plus de cinquante ans et en avouait qua-