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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/358

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JUSTINE.

et cela arrivera d’autant plus promptement que, sur la terre d’exil, nous ne pourrons nous perdre dans la foule et vivre ignorés. Crois-moi, tendre amie, il ne faut pas que la crainte d’un danger nous en fasse courir un plus grand. Cet homme reviendra certainement reprendre les objets dont nous sommes malgré nous les dépositaires ; un voleur ne saurait dédaigner un si riche butin. Ce misérable n’a aucun intérêt à nous perdre, et l’intérêt est le seul guide de ses pareils. Peut-être est-il prudent que nous quittions cette ville ; mais, je le répète, il ne le serait pas de disparaître tout-à-coup. Je vais chercher dès demain à vendre avantageusement le magasin et son achalandage. Le produit en sera assez considérable pour nous permettre d’acheter une chaumière dans quelque village éloigné, et d’y vivre pendant long-temps à l’abri du besoin. Ma bonne mère nous y rejoindra dès que nous