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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/399

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LE COMTE ET LE BANDIT.

des justes, et vous n’êtes que des fous ; vous voulez que ce qui est mal aujourd’hui soit toujours mal, que ce qui est bien soit toujours bien ; et vous vous moquez des gens qui cherchent la pierre philosophale !…

— Demandez ma vie ! s’écria Justine éperdue ; j’en ferai sans regret le sacrifice…

— Et que diable voulez-vous que j’en fasse ? Cela peut-il se vendre dix mille francs ?… De par les lois divines, cette vie ne vous appartient pas, et vous voulez en disposer comme de votre propriété ! vous refusez de voler les hommes, et vous offrez de voler Dieu ! Écoutez donc, pauvre fille : le Code défend le vol ; mais s’il le permettait ?… si, comme chez certain peuple de l’antiquité, l’action de s’emparer du bien d’autrui était réputée méritoire au lieu de répréhensible qu’on l’a faite chez nous ?…

La vertu de l’orpheline n’avait pas encore