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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/409

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DEUX MONSTRES.

Ce fut inutilement que l’orpheline tenta de prendre quelque tranquilité ; les paroles du comte et celles de Juliette étaient sans cesse présentes à son esprit ; elle les commentait de mille manières, sans pouvoir leur trouver un sens qui la rassurât.

— Que me veulent-ils donc ? se demandait-elle ; quel avantage peuvent-ils avoir à me perdre ? Peut-être le malheur me rend-il trop défiante… Et cependant le comte a bien dit : « La femme doit se donner à l’homme qui la protége ; et je suis votre protecteur. » Ô mon Dieu ! je sens que mes forces m’abandonnent ! ma pauvre tête se perd dans ce dédale d’iniquités !… N’ai-je pas assez souffert pour mériter le repos éternel, ô mon Dieu !

La prière lui rendit un peu de calme ; puis mille projets bizarres lui traversèrent l’esprit ; elle voulait fuir, retourner à Lyon, se livrer à la justice, afin de mettre un terme à ses