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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/408

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JUSTINE.

semble vous rendre si heureuse que je n’ose vous rappeler à la réalité… Eh ! pourtant, mon bel ange, il est bien vrai que vous vous êtes fourvoyée ! il est bien vrai que vous avez cédé trop facilement à une imagination ardente, qui vous a fait prendre le faux pour le vrai. Écoutez-moi sans crainte et sans prévention, belle amie : il est écrit : l’homme sera le protecteur de la femme ! que veut dire cela, sinon que la femme se donnera à celui qui pourra la protéger ? Me voulez-vous pour votre protecteur, Justine ?… Direz-vous non, alors que j’ai usé mon crédit pour vous servir ?

Ces paroles avaient mis Justine dans un état affreux.

— Avez-vous perdu l’esprit, comte ? s’écria Juliette, ou pensez-vous que la pauvre fille en vaudra mieux quand elle sera folle à lier ?… Ma chère Justine, tu dois avoir besoin de repos ; je vais te conduire chez toi.