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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/41

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DEUX SŒURS.

rait pas effrayée du danger. Cependant, ses craintes augmentant à mesure que l’heure avançait, elle finit par se décider à parler.

— Ne trouves-tu pas extraordinaire, Juliette, dit-elle, que le comte de Bonvalier, qui n’est ni le parent ni l’allié de notre famille se trouve chargé du soin de nous conduire dans le monde ?

— Ma chère sœur, répondit Juliette, je n’ai encore eu le temps de songer à rien, sinon que le comte est un homme charmant : j’aime ses cheveux noirs et crépus ; j’aime son œil de feu, et tout le reste de cette belle figure d’homme… Ce que je sais, c’est qu’il nous veut du bien ; la chose, j’imagine, est incontestable, et cela me suffit ; je n’en veux pas savoir davantage. Ainsi, trêve de sermons ; car je suis bien plus disposée à défendre cet aimable cavalier qu’à l’attaquer.