Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
JUSTINE.

— Juliette, je t’en conjure, ne va pas plus loin !

— Je veux t’accoutumer à entendre la vérité ; je veux te guérir de la folie qui t’a tant fait souffrir. La vertu, comme tu la conçois, n’est qu’une sottise. Cette vie est bien courte, et l’autre est incertaine ; jouissons du présent, de crainte que l’avenir ne nous échappe.

— Non, non, je ne penserai jamais ainsi ! Je crois en Dieu, Juliette ; je crois à la vie éternelle ; je crois que la vertu n’est pas bannie de la terre, et que la conscience est quelque chose de plus qu’un mot.

— Mais j’ai aussi une conscience, moi ! mais je suis vertueuse aussi ; comment se fait-il donc que ma conscience et ma vertu ne s’opposent pas à mon bonheur ?… Au reste, je ne suis pas venue seulement pour