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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/476

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RETOUR À PARIS.

— Eh ! que veux-tu que l’on prenne à un homme qui n’a rien ? Or, quand on n’est pas enclume, il faut se faire marteau ou se résoudre à être toujours entre les deux. Pourquoi donc la perspective du bagne t’effraie-t-elle tant, puisque, de gaîté de cœur, tu consens à mener une vie plus pénible que celle des forçats ?… Et puis tu auras beau faire, tu n’échapperas pas toujours aux mains de fer de la nécessité ; il peut arriver qu’un jour ton estomac crie plus haut que ce que tu appelles ta conscience, et alors tu supporteras les charges sans avoir joui des bénéfices…

— Vous m’avez rendu service, Guibard, et je vous pardonne cette offense.

— Mon Dieu ! je n’ai pas l’intention de te faire de la peine… Mais il est terrible de voir un si bon garçon patauger dans la misère, lorsque, pour avoir de l’or, il n’a qu’à se baisser et en prendre.